Bas les masques !

Qui ne s'est jamais retrouvé devant sa penderie à se demander quelle tenue choisir là, maintenant, tout de suite ?

Alors que je suis face à cette penderie, comme tous les matins, le choix de la tenue idéale se pose à moi, encore et encore.

Comme tous les matins, me voilà entrain de déplier sans replier une multitude de fringues qui s'amoncelle sur le sol. Aucune ne réussit le test du « convient », à la situation,  à mes sensations et perceptions présentes, à la météo, au voisin d'à côté si je le croise dans l'ascenseur, à l'humeur de mon chef lunatique qui aujourd'hui sera peut-être bien luné donc il faut que je sois à mon avantage pour l'impressionner, ou peut-être pas ...bien luné donc ce n'est pas la peine que je sorte l'artillerie lourde.

Et si je mets cela, on va peut-être penser que je suis comme ça, et je ne suis pas comme ça.

Celle-là serait parfaite mais finalement, je ne suis pas libre de mes mouvements quand je vais m'asseoir lors de cette réunion où il n'y aura que des grands pontes, ou aller aux toilettes, et comme je suis stressée en ce moment, je risque d'aller aux toilettes tellement de fois que je ne vais plus pouvoir supporter ce vêtement et ma journée sera fichue....

Nos sens captent une foule d'informations, notre cerveau des milliards de suggestions.

Ainsi se forgent notre vision du monde et notre personnalité.

Personnalité vient du mot grec Personae qui désigne un masque servant d'intermédiaire entre l'acteur, son rôle et son public.

La personnalité serait donc le masque que nous choisissons pour se confronter à la réalité. Cela suppose également qu'il y en existe plusieurs et que nous pouvons les changer.

Et me voilà devant cette armoire à me poser la question « Comment vais-je paraître aujourd'hui ? »

« Un sac à patates, une figure de mode, une d'jeuns, une intello, une créative, une excentrique » ? , « La fée Clochette », « La belle-mère de Cendrillon », « Miranda Presley », « Une danseuse de Flamenco », « Jack Sparrow » ?

Je ne sais que choisir, tout un ensemble de souvenirs d'expériences fuse alors dans mon esprit , emplissant l'espace de suggestions et de contre-suggestions, de oui et puis non, d'envies mais je peux pas.

Et si là, maintenant, à côté de ce dressing existait une penderie imaginaire virtuelle, avec l'ensemble de tous nos masques possibles ? Où il faudrait se poser la question « à quoi ai-je envie de ressembler aujourd'hui émotionnellement, de quelle personnalité ai-je besoin pour me sentir heureuse ? De quelles émotions ai-je besoin ? Comment voudrais-je me sentir aujourd'hui, moi personnellement, à l'intérieur ?

Modéliser sa personnalité à partir de possibilités infinies, pour multiplier les expériences et se sentir libre. Libre d'être ce que nous ressentons, libre de tout masque, juste notre visage.

Un visage où La féé Clochette nuancerait de sa générosité, de son ouverture et de son attention la froideur et la distance de Miranda Presley, où Jack Sparow comblerait de son charisme et de son exubérance le vide et le mépris de la belle-mère de Cendrillon, où la danseuse de Flamenco apporterait à l'ensemble un alignement juste et inspirant.

Etre juste soi...

Quel vêtement allez-vous mettre demain ? Et surtout, ne pensez pas à une penderie mentale !